Le syndrome d’intolérance du greffon rénale en dialyse péritonéale : A propos de 3 cas
DOI :
https://doi.org/10.25796/bdd.v7i3.84583Mots-clés :
syndrome d'intolérane du greffon, dialyse péritonéale, transplantectomieRésumé
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Introduction :
Le syndrome d’intolérance du greffon rénale, est une complication redoutable après retour en dialyse, qui peut se manifester par un tableau clinique atypique. La transplantéctomie est quasi-sytématique.
Nous rapportons l’observation de trois anciens greffés, ayant bénéficié d’une tranplantéctomie avec maintien de la dialyse péritonéale.
Observation:
Il s’agit de 3 patients, 2 hommes et une femme avec un âge moyen de 40 ans. La durée moyenne en transplantation rénale est de 11 ans. La cause du retour en dialyse est un dysfonctionnement chronique du greffon. Après un délai moyen en DP de 22 mois, 2 patients ont présenté une asthénie, un amaigrissement important. Une patiente a présenté un tableau aigu fait d’une fièvre et douleur
intense du greffon. Ceci associé à un syndrome inflammatoire chronique. Tous les patients ont bénéficié d’une transplantéctomie sans interruption de la technique de dialyse, avec une reprise précoce des échanges. L’examen anatomopathologique en faveur d’une nécrose du greffon rénal.
Conclusion :
L’altération de l’état général associée à un syndrome inflammatoire et une résistance à l’érythropoïétine peuvent révéler un syndrome d’intolérance du greffon rénal. La tranplantéctomie permet d’améliorer la survie de ces patients sans compromettre la technique de dialyse péritonéale.
Introduction
La transplantation rénale (TR) est de plus en plus fréquente et, par conséquent, le nombre de patients en échec de greffe augmente également. Selon le registre R.E.I.N, 1 101 arrêts fonctionnels du greffon ont été enregistrés en 2021, par rapport 988 arrêts fonctionnels du greffon en 2012. Le retour à la dialyse après une TR est une transition difficile pour les patients et leurs médecins traitant. La prise en charge de ces patients au cours de cette période est complexe et englobe le traitement des complications de la maladie rénale chronique, le démarrage de la dialyse, la gestion et l’arrêt de l’immunosuppression, et la tranplantéctomie.[1][2][3]
Cependant, la majorité des patients en dysfonction chronique du greffon conservent leur greffon in situ, avec l’utilisation ou non de faibles doses de traitement immunosuppresseur.[1][2]La transplantéctomie devient nécessaire en cas de thrombose vasculaire, de nécessité de la création d’un espace pour une nouvelle greffe rénale, en cas d’une pyélonéphrite récurrente du greffon, et d’un syndrome d’intolérance au greffon (SIG)[1][2][3][4]. Ce geste chirurgicale, réputé difficile, est grevé d’une morbi-mortalité importante et un taux de complications de 20 à 30 %.[5]
Le SIG, est une complication redoutable après le retour en dialyse avec une présentation clinique et paraclinique parfois atypique. Ce syndrome est rapporté chez 30 à 50 % des patients en échec de greffe et survient principalement au cours de la première année suivant le début de la dialyse. Il reflète un état inflammatoire chronique induit par le greffon in situ et généralement survient après l’arrêt du traitement immunosuppresseur)[1][2][3][4].
Nous rapportons l’observation de trois anciens greffés actuellement en dialyse péritonéale (DP) avec un SIG ayant bénéficié d’une tranplantéctomie sans interruption de la technique.
Observations
Il s’agit de 3 patients, 2 hommes et une femme avec un âge moyen de 40 ans, ayant bénéficiés tous d’une greffe rénale à partir d’un donneur vivant à faible risque immunologique dans 2 cas et à haut risque immunologique dans 1 cas. La durée moyenne en transplantation rénale est de 13 ans.
La cause du retour en dialyse est une dysfonction chronique de l’allogreffe chez 3 patients. Tous nos patients ont perdu leur fonction rénale résiduelle au cours de la première année de la DP. Après un délai moyen en DP de 22 mois, 2 patients ont présenté une altération de l’état général (AEG) avec une asthénie et un amaigrissement. Une hypertension artérielle maligne a été retrouvée chez un seul patient réfractaire à la quadrithérapie et à la dialyse optimale. En ce moment, aucun patient n’a été sous traitement immunosuppresseur.
Une patiente a présenté un tableau aigu fait d’une fièvre et une douleur intense du greffon avec des signes de nécrose du greffon à l’échodoppler.
Ce tableau clinique est associé à un syndrome inflammatoire chronique (SIC) fait d’une hyperferritinémie, une hyperfibrinogénémie, un taux de protéine C réactive élevé, et une anémie résistante aux agents stimulants l’érythropoïèse (EPO).
Devant ce SIC, avec une présentation clinique pauvre et atypiques des bilans complémentaires ont été réalisées chez deux patients à la recherche d’une cause secondaire. Le bilan infectieux comportant, le test quantiféron sanguin, le genexpert et la recherche mycobactérie dans les crachats, la coproculture, et l’examen parasitologique des selles ont été négatifs. Les sérologies de l’hépatite B, C et HIV sont revenues sans particularités.
L’échocardiographie transthoracique n’a pas objectivé de signe d’endocardite infectieuse. L’électrophorèse des protéines plasmatiques et l’immunofixation des protéines sériques sont revenues normaux. L’Angioscanner n’a pas montré de signes d’aortite ou de vascularite. La fibroscopie oeso-gastro-duodénale et le scanner cervico-thoraco abdominopelviens n’ont pas objectivé de lésions expliquant ce SIC. Devant la persistance du SIC clinico-biologique, un PET- scanner a été réalisé chez un seul patient objectivant un hypermétabolisme hétérogène du greffon.
Le diagnostic d’un SIG a été retenu et tous les patients ont bénéficié d’une transplantéctomie extrapéritonéale par laparotomie en conservant le cathéter de DP, les suites opératoires étaient simples et sans complications. L’examen anatomopathologique de la pièce opératoire a objectivé des signes en faveur d’une nécrose du greffon sans signes histologiques de malignité.
La technique de DP a été maintenue chez tous les patients, le 1er jour après la transplantéctomie un « lavage » avec une poche glucosée isotonique de 1L a été réalisé en infusant et drainant aussitôt des petits volumes. Ceci, pour tester le cathéter et de s’assurer de l’absence de fuite évidente. Devant les troubles hydroélectrolytique et l’anurie, nous avons démarré la dialyse précocement, avant 15 jours chez deux patients, et ceci pour épuration et ultrafiltration. La DPCA a été reprise 15 jours après la chirurgie, avec infusion de petits volumes (1,5L), chez une seule patiente. (Table I)
| Cas | Sexe | Age | Cause de retour en dialyse | Durée de vie du greffon | Date de début DP | Date de transplantéc-tomie | Histoire clinique+ bilan paraclinqiue | Anatomo-pathologie | Gestion de la DP |
| 1 | M | 45 ans | Dysfonction Chronique de l’allogreffe | 16ans | 19/2/2018 | 5 ans après début de DP | -AEG +Pic fébrile 38 -HTA résistante à la quadrithérapie -Syndrome inflammatoire+anémie | Nécrose du greffon | Reprise 3 jours après la chirurgie par DPA petit Volume de 700 cc |
| 2 | F | 44 ans | Dysfonction Chronique de l’allogreffe | 7 ans | 24/9/2014 | 1 an après début de DP | -Fièvre à 38 -Douleur FIG brutale -Syndrome inflammatoire+anémie | Nécrose du greffon | Reprise 2 semaines après la chirurgie par DPCA (1,5l) |
| 3 | M | 56 ans | Dysfonction Chronique de l’allogreffe | 17 ans | 27/4/2020 |
Références
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© Sara El Maakoul, Yassir Tahri, Naima Ouzeddoun, Loubna Benamar 2024

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